Le prophète blanc – L’Assassin Royal – Robin Hobb

https://i0.wp.com/ebeth-books.cowblog.fr/images/AR7.jpg

Titre original : Fool’s Errand
Nombre de Pages : 411
Année de parution : 2002
Édition : J’ai lu

 

 

L’Assassin Royal/Le Prophète Blanc

Quatrième de couverture / Résumé

       Fitzchevalerie a scrupuleusement rempli son rôle d’assassin royal. Il a fidèlement servi le souverain subtil, puis vérité et sa reine, Kettricken. Mais, en accomplissant son devoir, il a perdu sa femme et sa fille. Désormais Fitz ne désire plus que le repos et l’oubli : il s’est retiré loin de la cour pour vivre une existence simple et paisible avec son loup Œil-de-nuit et le jeune Heur, un orphelin qu’il a recueilli. Or voici que ses anciens amis viennent le voir : Astérie la ménestrelle, Ombre son maître assassin et le mystérieux fou. Tous veulent le convaincre de revenir à la capitale car de nouveaux dangers menacent une paix récente et fragile…

Extrait 1

       « Fou ? Lançai-je dans la maison assombrie.
       _ Oui ? » Il n’ouvrit pas les yeux, mais, à sa réponse immédiate, je sus qu’il n’avait pas encore commencé à s’assoupir.
       «  Tu n’es plus le fou. Comment t’appelle-t-on aujourd’hui ? »
       Un sourire étira lentement ses lèvres. «  Comment qui m’appelle quand ? »
       Il s’exprimait du ton taquin du bouffon qu’il avait été. Si je m’ aventurais à essayer de débrouiller sa question, il allait m’entraîner dans des acrobaties verbales jusqu’à ce que je désespère d’obtenir une réponse. Je refusai donc d’entrer dans son jeu et reformulai ma phrase : « Je ne peux plus te nommer  » fou  » ; comment veux-tu que je t’appelle ?
       _ Ah, comment veux-je, moi, que tu m’appelles, toi ? Je vois. C’est une tout autre affaire. » Une mélodie moqueuse sous-tendait ses paroles.
       Je me dominai et énonçai ma question de la façon la plus simple possible. « Quel est ton nom, ton vrai nom ?
_ Ah ! » Il redevint soudain grave et inspira lentement. « Mon nom…comme celui que m’a donné ma mère à ma naissance ?
_ Oui. » Je retins mon souffle ; il évoquait rarement son enfance, et je venais tout à coup de prendre conscience de l’énormité de ce que je lui avais demandé. C’était la vieille superstition classique : si je te livre mon nom, je te donne barre sur moi. Comme chaque fois que je posais une question directe au fou, j’attendais la réponse avec impatience et crainte à la fois.
« Si je te le révélais, t’en servirais-tu pour t’adresser à moi ? » A l’inflexion de sa voix, je compris que je devais bien peser ma réponse.
Je réfléchis : son nom lui appartenait et je n’avais pas à le crier sur tous les toits. Aussi déclarai-je d’un ton solennel : « Seulement en privé, et uniquement si tu le désires. » Pour moi, ces paroles constituaient un serment inviolable.
« Ah ! » Il se tourna vers moi, et son visage était illuminé de bonheur. « Oui, je le désirerais, m’assura-t-il.
_ Et bien ? » fis-je. J’éprouvais un soudain malaise, convaincu qu’il m’avais encore une fois mené par le bout du nez.
« Le nom que ma mère m’a donné, je te le dévoile aujourd’hui pour que tu l’emploies en privé. »      Il se tourna de nouveau vers le feu, les yeux fermés mais un sourire espiègle sur les lèvres. « Bien-Aimé. Elle ne m’a jamais appelé autrement que  » Bien-aimé « .   »

p.152-153

Laisser un commentaire